Jaculatoire

Le jaculatoire est souvent l’apanage du fervent croyant que l’on pourrait croire soudainement entré en une transe mystique dont lui seul en percerait les arcanes.

Ce n’est pas faux.

Un bon jaculatoire exige concentration, précision, et disons-le sans ambages une certaine dose d’abnégation.

Qu’on se le dise, le jaculatoire n’est pas donné à tout le monde. Beaucoup sont prêts à essayer mais bien peu en sont capables.

Certains très nerveux, sautillant dans tous les sens, trépignant, et péremptoires, finissent toujours par commettre des jaculatoires précoces. Autant le dire, on ne peut se laisser aller au jaculatoire en n’étant pas à ce qu’on fait.

- J’ai pas tout compris, mais à ce propos, tu sais la crémière Mathilde, et bien quand son mari n’était pas là, dans l’arrière boutique, elle m’a dit…

- Tais-toi Tonton Gustave, je sens que ça va déraper. Et puis tu n’as pas honte la crémière elle a au moins trente ans de moins que toi !

Je crois qu’il serait préférable que j’en vienne à l’essentiel, en expliquant ce qu’est le jaculatoire. Le terme jaculatoire apparaît en 1578 chez d’Aubigné.

- Celui là, n’est pas précoce !

- Non Tonton Gustave, il n’est pas précoce.

Vous remarquerez cher public dans quelle condition je travaille, avec en permanence un membre de la famille pour venir m’interrompre.

Jaculatoire a pour racine le verbe latin jaculari qui signifie lancer. Le jaculatoire est en fait une prière courte et ardente !

Et si l’ardeur est exigée, alors il doit  y avoir obligatoirement ferveur, l’une étant subséquente à l’autre !

Finalement un jaculatoire peut-il être jubilatoire ? Je ne le pense pas, si l’on songe que jubilatoire vient du latin jubilare qui signifie pousser des cris de joie.

De vous à moi imaginez-vous un fervent croyant en prière, avec une langue de belle-mère dans la bouche et lançant des confettis ?

A moins que le jaculatoire ne prenne la forme d’une supplique adressée au dieu Bacchus….