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vendredi 30 octobre 2009

Les chiens, les loups, les chats, les ours, et les autres.

En d’autres temps on aurait appelé cela un bestiaire méditaire. Je ne m’intéresse guère aux animaux, adieu chats, chiens, loups, ours, couvées.
Où est la vie dans la description du bestiaire, représentation rêvée d’un idéal imparfait. Car seule l’imperfection l’est par l’espérance de bonification qu’elle engendre.

Je n’aime pas les chiens car je n’ai pas vocation à porter un collier et une laisse. Je ne suis pas suffisamment policé pour m’identifier à un canidé. On ne dresse pas les animaux comme moi.

Je ne suis pas un loup. J’ai trop d’orgueil pour être un prédateur subalterne.
Je ne me peux me contenter de ces agneaux apeurés que les hommes m’offrent à leur corps défendant. Je ne me fonds pas dans les bois, pour parcourir les contrées en semant la désolation. Source de fantasmes par le mystère que je répands pour qui veut s’en saisir pour son plus grand frisson, et qui ne me concerne pas. Je ne suis pas suffisamment mystérieux pour m’identifier à un loup. On n’apprivoise pas les animaux comme moi, seule une certitude fantasmée peut le faire croire.

Je n’aime pas les chats, désuets depuis que le dernier pharaon a quitté cette terre. Je ne fais pas semblant d’être autonome en chassant des souris la nuit pour avoir ma coupelle de lait et mon radiateur pour me blottir. Je ne suis pas suffisamment opportuniste pour accréditer l’idée de mon autonomie en quémandant ma sécurité.

Je n’aime guère les ours car je n’ai rien d’un tueur débonnaire, qui cacherait derrière une douce fourrure sa monstruosité. Prêt à s’adonner à des gesticulations absurdes contre un pot de miel, aux sons de grelots ridicules qui scandent ce que certains appellent une danse. On ne dompte pas les tueurs débonnaires à la douce fourrure, c’est une illusion que seul l’esprit engendre.

Je n’aime guère les renards, mais devrais-je passer sur ce réprouvé porteur de rage depuis qu’il a cessé d’être goupil. Les charognes et les restes ne peuvent constituer mon ordinaire.
Alors c’est tout ou rien ? Non ce n’est jamais tout ou rien, pas davantage que l’à peu près.
J’ai perdu toute dignité en me prostituant pour un camembert oublié. Dans un bestiaire je n’ai guère d’intérêt.

Alors il me plait de caresser le fantasme de l’orque qui ne s’apprivoise, ne se dompte, ne se dresse mais se laisse approcher parce qu’il le décide. Je suis l’orque parce que seul l’océan sans limite est à ma mesure.

Je ne parle pas de civilisation, je ne théorise pas sur les valeurs de la vie, j’éduque mes petits dans des écoles ou l’apprentissage se fait par l’exemple pour les faire grandir, je construis ma famille comme un clan à protéger et protecteur, j’aime ma compagne jusqu’à mon dernier souffle, je suis relié aux autres pour la chasse, pour apaiser le chagrin, pour jouer, et pour le plaisir d’être.

Le bénéfice secret, clé explicative des comportements n’existe pas, je suis ou je ne suis pas, on prend ou on laisse, j’ignore le mystère et  l’opportunisme, mes valeurs sont autres et dans une autre dimension.
Je ne force personne, je n’oblige personne mais on ne me modèle pas.

Il parait que là bas très loin sur la  terre que j’ai quitté il y a bien longtemps, les amérindiens du bord de mer énoncent que chaque fois qu’un petit d’homme nait, nait dans la mer un orque qui est son frère. Ceux qui croient en ce qui parait être une légende ont raison, mais ils ont beaucoup de travail à faire avant que nous nous révélions à eux.
Je ne peux être celui qui devient car je suis celui qui est dans la permanence de l’instant seule dimension de l’éternité.

Encore un coup de caudale, et je serai à ma place, c’est à mon tour à présent d’être en périphérie du groupe pour en être la sentinelle. Je flotte à tout jamais dans cet univers liquide et enveloppant sans autre besoin que de suivre ma lumière bleue océane.

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