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dimanche 11 décembre 2011

Le fil noir et le fil rouge

Aujourd'hui c'est un conte sur Petex-Ra. Il n'y en a pas eu durant très longtemps, et puis voilà quelques jours est apparu sur la page, Le souffle de l'Ange, et aujourd'hui c'est au tour de, "Le fil noir et le fil rouge".



Connaissez-vous les travailleuses ? Non, pas les ouvrières qui travaillent en usine, mais l'objet.

La travailleuse est une boîte, quelques fois sur pieds, indispensable à l'ouvrage de la couturière. Dans cette boîte elle y range, bobines, boutons, ciseaux, rubans, épingles, aiguilles...et fils.

L'histoire pourrait en rester là, mais il n'en est rien. Ce que vous ignorez c'est que la travailleuse est un univers animé. Un véritable univers comme le nôtre, avec ses planètes, ses gens et leurs croyances.

Tous les objets dans la travailleuse ont leur vie propre. Tenez les ciseaux par exemple, tranchent sans appel, un peu comme un juge qui rendrait des ukases. L'aiguille elle, ne peut s'empêcher de prendre plaisir à voir le sang couler. Le dé lui, frémit de contentement quand le doigt vient l'habiter. Et le fil dont on parle peu. Ça ne se remarque pas un fil, c'est invisible un fil, et même si on ne les voit pas, ils existent. Le fil tisse des liens entre des tissus séparés. Le fil répare la soie déchirée. Il paraîtrait même que le fil raccommode les âmes meurtries, mais on en n'est pas sûr.

Dans la pénombre de la travailleuse, un fil noir oublié se morfondait en se demandant quel serait son destin. Il n'avait plus goût à grand chose. Quand soudain, le fil perçu une sensation. Ce n'était donc pas une légende. Les anciens fils racontaient que le Grand Tailleur le patron des couturières, avait doté les fils d'un pouvoir caché, percevoir les sensations.
Le fil noir comprit qu'il venait justement d'en percevoir une et cela l'intrigua.
Il se déroula lentement dans un monde dont il ne soupçonnait pas même l'existence et soudain il la trouva.

C'était un fil rouge. Le fil noir avait ressentit la déchirure que bien peu voyait et qui habitait le centre même de la fibre du fil rouge. Il en fut ému, peiné, et il essaya de l'apaiser. Peu à peu les fils se touchèrent, conversèrent ensemble, et se trouvèrent sympathiques. un lien ainsi fut créé. Les deux fils mêlés formaient un lien qui semblait les contenter tout deux. Le fil noir d'habitude si méfiant, relâcha ses défenses et prit plaisir à être en compagnie du fil rouge. Sa couleur lui donnait une apparence sérieuse et il se sentait éclairé par la lumière vive que réfléchissait le fil rouge.

Ils se trouvèrent des goûts et des attractions communes malgré leurs différences. Le fil noir avaient vécu des choses terribles. Vous ne savez pas ? 

C'est pourtant   le lot des fils noirs.  Les fils blancs blancs eux, on la belle vie, ils font les robes de mariées, et les pourpoints de baptême, et certains coquins qui travaillent la dentelle se nichent contre des peaux douces et sensuelles. Tout le monde voudrait être un fil blanc. Mais le fil noir ?
Lui qui répare quand c'est possible les loques des gueux, finit par être épuisé de voir toute cette misère. Les fibres de son fil en étaient par endroit effondrées.

Et il y eut le fil rouge et sa lumière. Cette belle lumière qui émanait de ses filaments. Elle faisait comme des feux follets rieurs et enjoués. Le fil noir se sentit en confiance avec le fil rouge, spirituel et intelligent. Il finit par croire qu'il pourrait enfin être écouté lui qui avait tant vu tant d'âmes de fil noir s'effondrer sous les poids trop lourds à porter seul. On ne peut jamais porter un poids seul, seuls les menteurs ou ceux qui n'ont jamais rien porté peuvent l'affirmer. Un jour, tous les fils noirs ont besoin de parler.

Le fil noir était tant en confiance qu'il se décida de parler du poids de tant d'infortunes qu'il avait vu dans son métier, et qui petit à petit le suffoquaient. Il parla, il parla longuement, heureux d'avoir pu le faire, croyant pouvoir enfin être écouté. Il fut sidéré de la réponse du fil rouge. Celui-ci tira un coup sec et cassa le lien. Le fil noir ressentit une immense brûlure qui lui déchira toutes ses fibres, le fil rouge pourtant n'avait-il pas dit qu'ils étaient amis ?

Le fil noir fut dévasté par cette cruauté, et il retomba prostré comme un boxeur groggy, dans sa case au fond de la travailleuse de la couturière. Ce qui le rendait triste, c'était ce lien désormais cassé que pourtant il croyait fort et vrai.

On lui avait dit que le Grand Tailleur pouvait tout réparer, mais lui à présent ne savait plus rien. Il en venait même à penser que le Grand Tailleur était une illusion comme deux fils que se touchent et qui créent un lien.  





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